Forces

 

 

L’Europe a des caractéristiques uniques dont une grande diversité culturelle basée sur des racines communes, la démocratie et la citoyenneté.

« L’esprit européen est une construction intellectuelle, fondée sur une tradition culturelle. Il ne reflète qu’une partie d’une « essence » qu’il demeure difficile, voire impossible de définir concrètement. Il est impalpable, parce que l’Europe est diversité, et parce que sa culture a essaimé sur les autres continents. »

 

« La difficulté de penser l’Europe, c’est d’abord de penser l’un dans le multiple, le multiple dans l’un ». Car l’Europe est un « complexe » (de complexus, ce qui est tissé ensemble) dont le propre est d’assembler sans les confondre les plus grandes diversités et d’associer les contraires de façon non séparable. »

 

Op:  Journal monde diplomatique   Edgar Morin : Penser l’Europe

 

Op : Université de Genève Viviane Obaton : « La promotion de l’identité culturelle européenne depuis 1946 »

 

A certains moments de notre Histoire, nous avons oublié ces principes et les conséquences visibles furent l’obscurantisme et le totalitarisme.

 

Des avancements importants

L’histoire commune des Européens remontant d’une part à l’antiquité greco-romaine et d’autre part à la chrétienté et la laïcité ont donné naissance à des avancements importants dans différents domaines tels que :

 

Les sciences exactes qui ont façonné la vision de l’homme, telles que les lois de la gravitation, l’héliocentrisme, la théorie de l’évolution, la théorie de la relativité, l’expansion de l’univers ou le principe d’incertitude

 

L’universalisation des normes et repères tels que : le calendrier grégorien, le solfège, le système métrique et le système binaire

 

Les grandes avancées technologiques portant sur la transformation de l’énergie dont la mécanique (machine à vapeur, moteur thermique, turbine)

 

Le rayonnement à travers les arts en peinture, architecture, musique, littérature ou cinéma

 

Les sciences humaines dans de nombreux domaines tels que l’économie, la philosophie,  la politique, la psychiatrie.

 

Les grands fondements de la pensée occidentale tels que la morale laïque et le christianisme ainsi que les droits de l’homme

 

L’Europe de l’innovation est une caractéristique importante qui peut être comparée aux USA. En 2011, le nombre de thèses de doctorat pour 1000 habitants était de 1.6 aux USA et de 1.4 en EU. Le nombre de brevets inventés par milliard de PNB était de 4.3 aux USA et 4 en EU ; les produits exportés de type medium & high tech (en % d’export total) était de 59 en USA et 47 en UE.

 

Quelques exemples de réalisations novatrices avec un parfum européen :

Le CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, est l’un des plus grands et des plus prestigieux laboratoires scientifiques du monde. Fondé en 1954, le CERN a été l’une des premières organisations à l’échelle européenne et compte aujourd’hui vingt Etats membres et occupe 10 000 chercheurs.

 

Airbus est un constructeur aéronautique européen. Division détenue à 100 % par le groupe industriel Airbus, l’entreprise fabrique plus de la moitié des avions de ligne produits dans le monde et emploie plus de 60 000 personnes.

 

L’ESA, l’Agence spatiale européenne, avec le programme Ariane, est devenue le plus gros lanceur de satellites géostationnaires au monde.

 

Le GSM (Global System for Mobile Communications) est LA norme numérique pour la téléphonie mobile. Le groupe de travail chargé de la définir a été établi en 1982 par la Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications (CEPT). Les fonds de recherche et développement alloués ont permis d’établir rapidement un cadre légal et une norme unique européenne.

 

Le Wi-Fi, développé initialement avec des fonds de recherche européens. La lenteur du processus d’adoption d’un standard commun a eu pour conséquence que les entreprises américaines ont établi de facto des standards de marché.

 

L’Euro est devenue la deuxième monnaie de réserve du monde.

 

Le programme d’échange d’étudiants Erasmus a touché 3 millions d’étudiants qui ont bénéficié des bourses d’études dans chacun des 33 pays participants (EU, EFTA, Turquie), soit 10% des étudiants européens (20% sont visés à l’horizon 2020).

 

Des valeurs

Par ailleurs la civilisation européenne est légitimement inspiratrice de valeurs : solidarité, partage et ouverture d’esprit :

 

La solidarité 

La solidarité est inscrite de manière fondamentale dans la civilisation européenne depuis la Révolution française qui a disséminé ce principe dans pratiquement toute l’Europe.

 

Au niveau de chaque pays, une solidarité sociale s’est mise en place, qui assure une redistribution de la richesse parmi tous les membres de la société (les plus démunis, les malades, les chômeurs, les personnes en début et fin de vie).

 

Avec le temps, cette solidarité s’est étendue aux domaines de l’enseignement(gratuité ou participations symboliques dans les enseignements de base) et la culture (subventionnement des différentes formes de culture).

 

La solidarité intergénérationnelle, même si elle a tardé à se mettre en route, est maintenant également à l’ordre de jour des forums de l’Union européenne. En effet, à la différence des autres continents, la dynamique européenne est née dans le contexte d’une Europe de « l’après-guerre », portée par les survivants et tournée vers la reconstruction économique, dans un esprit de transmission intergénérationnelle.

 

D’un point de vue européen, le principe fondateur de la solidarité a été mis en avant dès les premiers pas de la construction européenne.

 

Dans sa déclaration du 9 mai 1950 (appelée depuis « Schuman Day » ou la « Journée de l’Europe »), Robert Schuman mettait en exergue que : « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. »

 

Op.: Union Européenne  La déclaration Schuman du 9 mai 1950

 

Le principe de solidarité inter-européenne s’applique désormais aux milieux économique, financier (y compris la BERD,BCE, BEI), culturel ou environnemental entre les états membres et les pays candidats à l’adhésion (via une allocation importante de budgets aux pays candidats) mais aussi entre les états membres et les pays en développement (par une obligation d’investissement d’un pourcentage de PIB dans des projets d’aide et de coopération).

 

A ce jour, la solidarité est aussi extra-communautaire : l’Union européenne(Etats membres et institutions européennes confondus) fournit plus de la moitié du total mondial de l’aide publique au développement, ce qui en fait, de loin, le premier bailleur de fonds des pays en développement. La moitié de l’aide européenne environ est destinée à des pays d’Afrique.

 

La politique d’aide au développement de l’UE bénéficie aujourd’hui à plus de 160 pays pour un montant qui avoisinait les 54 milliards d’euros en 2010, dont un peu plus de 11 milliards d’euros gérés par la Commission européenne. L’aide au développement est une compétence partagée entre l’UE et ses Etats membres (cfr. article 208 du Traité sur le fonctionnement de l’UE).

 

Le Consensus européen pour le développement, adopté en 2005, présente pour la première fois les valeurs, objectifs et principes à mettre en pratique par l’Union et ses états membres dans leurs politiques de développement. L’élimination de la pauvreté, dans le cadre d’un développement durable, en est le principal objectif. L’action de l’UE participe ainsi pleinement à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

 

L’exemple de cette solidarité doit se transmettre de l’Etat (représenté par des administrations nationales, régionales, locales) vers les citoyens.

 

Le partage

Le partage des idéaux, des compétences, des responsabilités.

 

L’Europe est encore en cours de constitution. Elle se forme, par élargissement, avec comme projet de mettre définitivement fin à la division des deux « Blocs Europe » qui a duré cinquante ans et se construit à travers un processus de renforcement institutionnel.

L’Europe en constitution est un espace civique et social à investir, un projet pluriculturel et interculturel à habiter. Elle ne peut, de ce fait, se résumer à une construction institutionnelle.

 

«Comprendre le processus d’élargissement, c’est interroger le rapport à l’altérité, le rapport au passé, les processus de démocratisation tels qu’ils ont été préconisés par l’Union européenne dans « l’autre Europe » et perçus par les pays candidats. C’est parler d’un imaginaire politique européen, ou d’imaginaires politiques européens, en transformation. C’est poser la question du rapport aux marges de cette Europe agrandie sur son Est, son Nord, son Sud. Parler de la démocratisation aux frontières, c’est se demander si l’on peut imaginer un rapport aux autres de l’Europe qui ne serait pas celui de l’inclusion/exclusion, mais celui d’un rapport d’égalité dans l’échange. »

 

Op. : L’Europe en Partage (revue Lignes Nr 13)

 

L’ouverture d’esprit

Aux Rencontres internationales de Genève, Denis de Rougemont souligne le caractère inventif de l’Europe, son désir insatiable de comprendre.

 

Elle est « patrie de l’invention », car elle est « patrie de la mémoire ». Cinquante ans plus tard, la philosophe Chantal Millon-Delsol définit l’esprit européen par le terme d’irrévérence. Cette irrévérence se traduit par un « esprit rebelle », une « curiosité maladive » et le désir de liberté.

 

«L’esprit européen est une construction intellectuelle, fondée sur une tradition culturelle. Il ne reflète qu’une partie d’une « essence » qu’il demeure difficile, voire impossible de définir concrètement. Il est impalpable, parce que l’Europe est diversité, et parce que sa culture a essaimé sur les autres continents. »

 

 Op. : L'Europe en Partage (revue Lignes Nr 13)